Written slowly after the backwalk of April 2023

Nous regardons le monde devant nous, nous marchons de dos, comme si nous étions déposés dans un siège de théâtre. C’est notre corps, l’espace de notre dos, tout l’E..S..P..(e)A..C..E arrière, le paysage arrière, qu’est-ce que l’arrière, où s’arrête t’il où commence t’il? L’air, le sol qui touche les pieds, tout ça c’est notre siège arrière du théâtre et la scène est devant nous, et les phénomènes que nous regardons varient. Ils varient en fonction de là où nous regardons. Alors petit à petit, vraiment très doucement nous sommes les spectateurs du « plus grand spectacle du monde » car il est fait de toutes les multitudes de transformations qui s’y produisent et avec tout les vivants qui l’habitent.

 

Ces transformations sont les éléments qui surgissent à notre regard. Nous marchons très lentement, alors comme pour la marche en avant, il y a cette sensation que plusieurs temporalités existent: celle du marcheur, celle des éléments qu’il regarde, celle de ses choix de regard et quoi en penser. Et puis qui le regarde ? En effet qui regarde le marcheur et quoi regarde le marcheur? Quoi me regarde dans cette marche à l’envers, quoi regarde Discollective quand il marche à l’envers, quoi nous regarde, nous en tant que deux personnes là dans ce paysage, dans cet environnement, à ces moments là, et aussi quoi nous regarde en tant que membre du projet Along the Walk qui réunit plusieurs binômes de marcheurs et quoi nous regarde quand on marche avec des soutiens financiers de l’Union Européenne?

Qu’est-ce que que cela fait d’être regardé par différents êtres vivants, ceux que l’on voit et ceux que l’on ne voit pas ? Qu’est-ce que ça nous fait ? Car la marche en arrière nous semble produire une relation un peu spécifique avec les animaux, d’abord les chiens, mais aussi peut-être des cervidés, les oiseaux, les loutres …

 

Qu’est-ce que l’on fabrique ?

 

Marcher à l’envers ralentit la marche, un temps, un certain temps. Elle déconstruit la marche, sa pratique.

 

Sur le plan physique, marcher en arrière sur plusieurs jours, m’a permis de récupérer une mobilité du bassin, et dynamiser des muscles profonds aux niveaux des hanches, et plus généralement elle a un effet sur la posture.

 

J’ai découvers qu’après plusieurs heures de marche quand il s’agissait de nos grandes journées lorsque je m’arrêtais, je retrouvais l’inverse d’un phénomène étrange de la marche en avant avec le paysage, les perspectives au lieu de s’éloigner, de s’étirer au loin vers un point de fuite, venaient vers moi. Le point de fuite se retourne vers moi, dans mes yeux. Alors il y a vraiment cette sensation que le paysage vous pénètre, vraiment les choses que vous voyez viennent à vous, viennent vers vous et alors cela produit une sensation qui agit sur la perception.

 

Percevoir que, au moment de cet arrêt, l’environnement, (forêt et campagne) vous pénètre par le regard, comme si la perspective était élastique, et que le mouvement venait vers soi.
Ça, c’était une sacrée sensation, un peu comme au début de nos expériences avec la marche en arrière et les chiens. Car en effet les chiens semblent réagir autrement aux marcheurs inversés. Peut-être s’agit-il là d’une réflexion sur le visage et le regard.

 

Quand nous passions par les forêts quels plaisirs, quelles sensation d’être nourri !

 

Cette marche artistique à l’envers le long de Ledava est peut-être thérapeutique mais elle agite et agit sur du politique. Quand nous marchons renversés sur quoi marchons nous ? Quelles histoires? Quels contextes? Quelles politiques? Quels mondes? Deux inconnus marchant en arrière, ça questionnent, ça interpelle.
Nous nous heurtons à des contradictions, nous marchons dans des cultures.

 

*** écrit lentement après la marche d’Avril 2023
 
Mathilde Vrignaud
 
Walk.1 avec Mathilde Vrignaud et DISCOllective – The Biggest Spectacle in the World
 
9 – 16 avril 2023, Prekmurje, Slovenia

photos by Sunčan Stone

We look at the world in front of us, we are walking with our back, as if we were placed in a theater seat except that the seat is our body, the space of our back, all the E.. S.. P..(e)A.. C.. E, the back landscape, what is the back, where does it stop where does it start ? The air, the ground that touches the feet, all is our back seat of the theater and the stage is in front of us, and the phenomena we watch vary. They vary depending on where we look. So little by little, really very slowly we are the spectators of the « biggest spectacle in the world » because it is made of all the multitudes of transformations that take place there and with all the living who habit it.

 

These transformations are the elements that arise in our eyes. We walk very slowly, so as with the walk forward, there is this feeling that several temporalities exist: that of the walker, that of the elements he looks at, that of his choices of look and what to think about it. And then who is looking at him? Indeed, who looks at the walker and what looks at the walker? What looks at me in this walk upside down, what does Discollective look at when he walks upside down, what looks at us, us as two people there in this landscape, in this environment, at these times, and also what looks at us as a member of the Along the Walk project that brings together several pairs of walkers and what looks at us when we walk with financial support from European Union.

 

What does it feel like to be looked at by different living beings, those you see and those you don’t see? What does it do to us? Because the step backwards seems to produce, a specific relationship with animals, first dogs, but also perhaps cervids, birds, otters…

 

What do we make? Make we do what?

 

Walking reversed slows down walking, for a while. It deconstructs its practice.

 

On the physical level, walking back for several days allowed me to solicit, recover pelvic mobility, and energize deep muscles at the hip levels, and more generally it has an effect on posture.

 

I discovered that after several hours of walking when it was our big days when I stopped I found the opposite of a strange phenomenon of walking forward with the landscape, the prospects instead of moving away, stretching in the distance towards a vanishing point, came towards me. The vanishing point turns towards me, in my eyes. So there is really this feeling that the landscape penetrates you, really the things you see come to you and then it produces a sensation that acts on perception.

 

Perceive that, at the time of this stop, the environment, (forest and countryside) penetrates you through the gaze, as if the perspective were elastic, and that the movement came towards you. That was quite a sensation, a bit like at the beginning of our experiences with walking back and this observation with dogs. Because indeed, dogs seem to react differently to inverted walkers. Perhaps this is a reflection on the face and gaze.

 

When we passed through the forests what pleasures, what a feeling of being fed!

 

This artistic reversed walk along Ledava is may be therapeutic but it agitates and acts also on politics. When we walk overturned, what do we walk on? What stories? What contexts? What policies? Which worlds? Two strangers walking back, it questions, it challenges.

 

We encounter contradictions, we walk in cultures. Are we causing small cultural shocks?
 
Mathilde Vrignaud
 
Walk.1 with Mathilde Vrignaud and DISCOllective – The Biggest Spectacle in the World
 
9 – 16 April 2023, Prekmurje, Slovenia

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